Il s'en est allé sur des chemins plus sucrés, égarés loin de ces immeubles de granit qui cernent ma chair. Il a fuit, pour jouer à la balançoire avec d'autres rêves. Aux boulevards croisés de nos fantasmes, en un jardin désolé où seule resplendit la lumière de l'espoir. C'est en ce petit parc que se sont réfugiés les derniers lambeaux d'imaginaire qui nous restent à tous. Et je puis vous dire qu'à eux tous, ils ne pèsent pas bien lourd. Voyez comme ils parviennent à tous s'entasser sur le toboggan de la liberté, glissant les uns contre les autres, raccrochés par des fils invisibles. Mus par une sublime révolte subconsciente.
Ils s'amusent ensemble d'images irréelles, des colombes bleues qui nagent parmi les pages soyeuses de milliers de livres, échoués ici après le naufrage du violon ailé. Et, là-haut, sur la pente du talus, un ange dont les pupilles sont cernées de noir tourbillonne entre ses jupes gonflées de l'air nocturne.
Et Il sombre. Les pieds en l'air, la tête sur le sol. Et Il s'interroge :
Où est mon âme ?
Où est mon âme ?
(19 juin 2008)